Dimanche 1
er juin, cela fera exactement dix ans que j’ai été embauché à
L’Equipe. Dix ans déjà. A l’époque, après un court passage comme pigiste
(j’étais encore salarié à Jogging International d’où la nécessité d’utiliser un pseudo pour signer mes papiers.. ce fut au début Pascal Grégoire avant que je rajoute bien plus tard Boutreau, mon vrai nom, d'où aujourd'hui le Pascal Grégoire-Boutreau d'où pgb... c'est simple, non ?), j’avais été embauché à la rubrique foot pour la Coupe du monde.
Dix ans avec des émotions parfois uniques. Car il faut être conscient qu’être grand reporter à L’Equipe (je sais ça fait pompeux mais c’est mon " titre ") est un grand privilège quand, comme moi, on est passionné depuis toujours de sport. Ne couvrant le plus souvent que des championnats du monde, d’Europe ou de France, on a en permanence devant les yeux l’excellence de l’acte et du geste sportif, ce qui se fait de mieux dans les disciplines que l’on couvre. Lorsque la tentation de se la jouer " blasé " apparaît (oui oui ça arrive), j’essaie toujours de me souvenir de ça. D’autant plus que nous travaillons toujours dans des conditions pour le moins confortables et que le plus souvent, arriver sur un site ou dans une discipline avec l’étiquette du " mec de L’Equipe " nous ouvre pas mal de portes et nous offre quelques facilités. Et ceci est d’autant plus vrai lorsque l’on suit les disciplines moins, voire pas du tout médiatisées comme c’est mon cas depuis 2001. A cette époque, j’avais demandé à quitter la rubrique foot car je n’y trouvais pas les valeurs du sport comme je le conçois et que n’étant pas une seconde carriériste je préférais me faire plaisir avec des gens qui ont des choses à dire, qui m’apprennent des choses et partagent leur passion avec moi, que de me taper des comptes-rendus de match de foot toutes les semaines avec des mecs qui racontent tous la même chose et qui parfois ne se doutent même pas qu’il y a une vie bien différente en dehors de leur monde ultra protégé.
L’avantage de couvrir des petits sports, c'est la proximité que l’on peut avoir avec les sportifs et leur encadrement. Il n’est pas rare en reportage à l’étranger de partager les hôtels ou les repas avec le staff et même les sportifs tricolores. Les puristes regretteront sans doute le risque de perdre de notre " objectivité ". Il faut être honnête, c’est la réalité. On a forcément tendance à être plus indulgent avec quelqu’un avec qui l’on a partagé des moments extra professionnels qu’avec quelqu’un que l’on ne côtoie que dans un strict cadre pro.
Il est fort probable que je ne serai pas à L’Equipe toute ma vie… Je ne parierai d’ailleurs pas sur un second mandat de dix ans… J’ai toujours pensé que dans la vie, il faut en permanence se remettre en question et trouver de nouveaux défis. Et parfois changer de direction quand la route devient trop rectiligne et donc ennuyeuse. Mais les moments vécus durant ces dix ans resteront comme des temps forts, parfois même très forts. Quoi qu’il arrive dans les semaines, mois ou années à venir…
Dix ans de moments forts
. Février 2004, pour la première fois de l’histoire, un relais français remporte une manche de Coupe du monde de ski de fond, devant les grandes nations comme l’Allemagne, la Russie, la Norvège. Cela se passe à La Clusaz, dans le village de Vincent Vittoz. C’est la première compète de ski de fond que je couvre. Bingo ! Même les plus bourrus des montagnards fondent en larmes tandis qu’une Marseillaise improvisée s’élève dans les airs.
. Février 2005, toujours en ski de fond, Vincent Vittoz devient le premier champion du monde tricolore, à Oberstdorf, quelques semaines après avoir été embarqué dans une sale et mystérieuse histoire de contrôle positif à un diurétique, effacée ensuite par une contre-expertise négative. Il y a peu de champions pour lesquels je mettrais ma main à couper qu’ils sont " propres ". Vincent en fait partie. Dans la petite zone d’arrivée, l’émotion du clan français, d’une fabuleuse solidarité derrière son leader dans les moments agités, est immense.
. Mai 2003. Dans leur globalité les Championnats du monde de tennis de table organisés à Bercy avec des ambiances extraordinaires à partir du vendredi dans un POPB bourré à craquer (93% de taux de remplissage sur toute la semaine et complet dès le mercredi) et en fusion totale.
. Mai 2004. Jean-Philippe Gatien arrive à la salle d’Innsbruck sans son sac de sport alors qu’il est censé disputer la suite du tournoi de qualification olympique. Ici s’arrête la carrière d’un immense champion et d’un Monsieur, sans doute l'un des trois sportifs rencontrés en dix ans pour lequel j'ai le plus grand respect. Dans les gradins de cette petite salle, Philou me confirme sa décision et tire le bilan de sa carrière. Le papier " hommage " a beau avoir été préparé depuis quelques semaines, ça fait toujours drôle.
. mai 2006. Rome. L’équipe de France féminine de hockey sur gazon réalise des prodiges lors du tournoi de qualification pour la Coupe du monde. L’esprit qui se dégage de ces Bleues est unique. Il est le fruit du combat de Peggy Bergère (alias Mamzelle Peg) et de Muriel Lazennec pour faire revenir sur sa décision, la Fédé qui avait dans un premier temps décidé de ne pas envoyer les filles en Italie (et puis à titre perso, le plaisir d'avoir un peu servi à quelque chose en relayant leur combat dans le journal...). Les Blue Belles Girls sont nées. Une semaine magique (et pas que pour le sport) avec plein plein de papillons… A l’issue du tournoi, Peg, après près de 80 sélections, met un terme à sa carrière internationale… Là encore, beaucoup de larmes…
. 10 mars 2001. Le Stade de Reims, alors en D2, élimine Bastia, alors en D1 grâce à un but de David Ducourtioux. Difficile de garder son calme et de se souvenir que l’on est dans le stade pour travailler alors qu’on est dans un stade où l’on a beaucoup de souvenirs de gosse. Pas facile non plus de rester " objectif ". Ce jour-là, je me tape la page 3 à moi tout seul avec en plus le petit plaisir perso de signer dans L'Equipe, "De notre envoyé spécial à Reims".
. L'an dernier, les six jours passés à Aix-la-Chapelle pour le dada. Je suis habituellement assez fan de tout ce qui se passe en Allemagne, mais là, c'est le sommet. Notamment le dimanche après-midi après le grand Prix de saut quand les 55000 spectateurs agitent leur petit mouchoir blanc pour le tour d'honneur de tous les protagonistes, le tout au son d'une bonne vieille musique teutonne. Génial.
. Avril 99. Demi-finale de Coupe de France entre Sedan et Le Mans. A ce jour, la plus grosse " perf’ " de ma carrière car écrire autant de papiers dans des délais de bouclage aussi serrés, je me demande encore comment j’ai pu faire… Là encore la quasi totalité de la page 3 dans un match fou avec cinq buts dans une prolongation qui obligent à réécrire en permanence le papier, le tout à un horaire extrêmement limite. Adrénaline au max... J'adore :p
. Novembre 2002, à Saint-Etienne, l’équipe de France féminine de foot se qualifie pour la première fois de son histoire pour une phase finale de Coupe du monde aux Etats-Unis. Dans les tribunes, 26 000 spectateurs n’en finissent plus de chanter. Sur la pelouse, tout le monde pleure.
. Décembre 2005. Les championnats du monde de squash à HongKong. Une semaine partagée avec les membres de l’équipe de France dans une ambiance vraiment très sympa et dans une ville que j’adore et que je me fais une joie de retrouver au mois d’août pour les épreuves d’équitation des Jeux olympiques..
. Tous les 15 août passés à Embrun avec en particulier les minutes qui précèdent le départ quand seuls le gyrophare d’un camion de pompier et quelques lanternes éclairent le plan d’eau. Les regards des participants, leurs applaudissements quelques secondes avant le départ sont d’une intensité incroyable. Idem pour le regard de tous les finishers quand ils franchissent la ligne d’arrivée avec souvent femme et enfants pour les accompagner. Et puis les petits tours d'hélico pour grimper en haut de l'Isoard toujours bien sympas...(eh oui ça c'est le privilège de bosser à L'Equipe...)
. 14 juillet 2007. Etant l’un des rares au journal à avoir et surtout à revendiquer quelques sympathies pour le milieu militaire (je suis officier de réserve de l’Armée de l’air et j’étais encore en activité il n’y a pas si longtemps), on m’avait demandé de suivre les répétitions du défilé du 14 juillet où, pour la première fois étaient conviés les sportifs de haut niveau sous contrat avec l’Armée. Deux jours à Satory pour les répétitions et surtout la matinée du 14 juillet passée sur les Champs dans des conditions que je ne vivrai a priori plus jamais. Je me suis régalé (et pas seulement pour la jolie Lieutenant chargée de comm du Bataillon de transmission…).
. Récemment, la " journée de la Flamme " à Paris. Surréaliste.
. Et bien entendu les Jeux olympiques d’Athènes. Le top du top du top du top. Deux semaines inoubliables où j’ai eu la chance d’être au bord du bassin le 15 août quand Manaudou devint championne olympique, où j’ai eu la chance d’être à 20m de la ligne d’arrivée du stade olympique le jour de la finale du 100m, où j’ai eu la chance de voir les exploits du Suédois Jan-Ove Waldner, le plus grand pongiste de tous les temps, encore quart de finaliste à près de 40 ans, où j’ai eu la chance de voir et travailler sur plus de dix disciplines (finales foot masculin et féminin, finales water polo, tennis de table, badminton, triathlon, natation, athlétisme, pentathlon, taekwondo, handball, finale basket, les deux cérémonies d'ouverture et de clôture…).
Voilà, en fouillant un peu je pourrais sans doute en trouver encore quelques-uns. Par exemple quand j'ai eu la chance de couvrir Paris-Roubaix, quelques matches de Ligue des champions, la victoire de Fred Belaubre à Lausanne, les monde longue distance à Ibiza, la victoire de Cyrille Neveu à Nice, quelques rencontres de tennis de table à Nevers avec une grosse ambiance ou des rendez-vous internationaux de ping (bon surtout quand la Bulgare Asya Kassabova était là...),les championnats d'Europe de concours complet à Rome (eh oui toujours Rome, c'est fou ce qu'il s'en passe des choses là-bas...), les visites à La Baule pour le dada, les championnats du monde de pentathlon moderne à Moscou où j'étais le seul journaliste (même pas de Russes...) etc etc... Tout ça pour dire que j'ai conscience d'avoir beaucoup de chance.
...................................................................................
Lundi
Course à pied : 50' (bon rythme avec série d'accélérations)
Mardi
Course à pied : 1 h 45' (dont 4x10' allure soutenue) Séance entière sous la flotte... Pfff
Natation : 3200 m (2 x (200 souple, 100 ratt, 100 jambes) ; 800 (25 sprint, 25 polo, 25 allure course) ; 20 x 50 progressif de 1 à 5 1nc, 1 plaquettes-pull ; 400 pull rma ; 200 souple)
