Evidemment, l'accumulation de records du monde à l'occasion des Championnats du monde de natation de Rome (déjà 35 en ce vendredi soir) frôle semble-t-il le ridicule. Un mec qui gagne sans battre le record passerait presque pour un tocard. La faute à ses maudites combinaisons. Il est il est vrai aisé de tirer à feu nourri sur ces accessoires récemment apparus dans les bassins. La question est pourtant sans doute plus complexe qu'elle n'y parait au premier regard. Ok, dans l'absolu, le retour au maillot de bain semblerait un moyen de régler le problème. Mais n'est-ce pas d'un côté refuser le progrès ? Prenons le saut à la perche. Les Lavillenie, Hooker ou autre Mesnil devraient-ils encore sauter avec des perches en bambou sous prétexte qu'avec des fibres de carbone, on n'est plus dans l'esprit originel ? Faut-il aussi demander aux coureurs à pied, de courir pieds nus, sans l'aide des pointes ? Faut-il interdire les casques profilés dans des chronos de vélo ? Etc.
L'autre argument anti-combi est de dire que tous les nageurs ne disposent pas des mêmes chances ne bénéficiant pas tous du même matériel. Mais n'est-ce pas le cas dans de nombreux sports, à commencer bien entendu par les sports mécaniques ? Tous les triathlètes au départ d'un Ironman n'ont pas non plus le même matériel, notamment au niveau du vélo. Est-ce pour autant "injuste" ? Le problème avec la natation, c'est que tout est venu très (trop?) vite. Voir des mecs quasi inconnus il y a encore six mois effacer des tablettes des Van den Hoogenband (qui a beau jeu de crier au scandale dans ses chroniques alors qu'il fut l'un des premiers à nager en pantalon), des Thorpe, des Hackett, des "monstres" de la natation, ou encore voir Phelps battu par un type qui a gagné 4 secondes en un an, a quelque chose de choquant. Mais "choquant" dans le sens de ce qui crée un choc mais, selon moi, pas forcément de ce qui est scandaleux. Je prends le pari que si ces combinaisons étaient encore autorisées pendant un ou deux ans, personne n'évoquerait plus ce soit disant dopage technologique. Tout le monde s'adapterait et basta. Alors ok, les records seraient encore abaissés de quelques secondes (on dit pourtant souvent que les records sont faits pour être battus...) mais on entrerait vite dans une "nouvelle normalité", conforme avec son époque et ses technologies nouvelles, comme le tout carbone fait aujourd'hui partie intégrante du vélo par exemple sans que personne ne trouve cela "choquant". Et puis le sport, n'est-ce pas d'abord des luttes ? Les combi ne nous privent pas des luttes extrêmes entre deux hommes. Cette chasse au chrono n'est pas l'essence même du sport. Sinon, on n'en arrive à être déçu quand un Usain Bolt court le 100 en seulement 9''80. On pleure face au fléau du dopage et l'on voudrait voir des records du monde du 100m à chaque course. Et quand on a des records du monde dès qu'un nageur met le doigt de pied dans l'eau, on pleure encore.... Pfff jamais content !
Plus sérieusement, j'ai la sensation que ces combinaisons ne constituent qu'une évolution. Et entre évolution et révolution, la marge est faible. Juste un petit "air". Le problème, c'est que les révolutions ne se font jamais sans remous et sans vagues... Et dans un bassin de natation, ça pose forcément des problèmes !
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En vrac
. L'équipe de France féminine de hockey sur gazon a finalement pris la quatrième place du Championnat d'Europe B qui se disputait à Rome. Hélas insuffisant pour remonter parmi l'élite comme le feront la Belgique et l'Italie. Mais cette équipe de France est jeune et a été bâtie en vue des Jeux de Londres 2012. Les deux tiers de l'effectif présent à Rome se sont d'ailleurs envolé dans la foulée pour Boston pour y disputer la Coupe du monde -21 ans. Allez les Bleuettes !
. En dada, le moral est revenu au beau fixe dans le saut d'obstacles tricolore. La France est en effet en passe de remporter la Série Coupe des Nations puisqu'elle devance assez nettement les Etats-Unis avant la dernière étape, vendredi prochain à Dublin. Deux victoires à Rotterdam et surtout à Aix-la-Chapelle, des podiums à Rome, Falsterbo ou Hickstead, les Bleus sont bien là deux ans seulement après avoir été relégués. Les pyromanes qui étaient en embuscade en début de saison prêts à lâcher le napalm en sont pour l'instant pour leur frais. L'essentiel restera néanmoins de bien figurer dans un mois à Windsor à l'occasion des Championnats d'Europe.
. Je vous avais évoqué il y a peu la Red Bull X-Alps, cette course extrême où 30 compétiteurs, tous invités, devaient relier Salzbourg en Autriche, à Monaco, en n'utilisant exclusivement que le parapente où leurs jambes (le tout en passant au-dessus de sept balises dont le Mont-Blanc). Le Suisse Christian Maurer a battu tous les records en couvrant la distance en seulement 9 jours 23'54''. A vol d'oiseau entre les balises, cela équivalait à 818km. En pratique Maurer a volé 999km et marché 380km, en transportant of course tout son matériel de vol. Il devance son compatriote ALex Hofer. Julien Wirtz, seul Français classé, prend la 11e place, n'ayant pu profiter des bons vents (seulement 384km en vol pour 616 à pied).
. En foot au féminin, l'équipe de France -19 ans (avec dans ses rangs Inès Jaurena, fille d'un des grands reporters de L'Equipe) a vu sa route s'arrêter en demi-finale du Championnat d'Europe. Alors que les Bleuettes menaient 2-1 à 5' de la fin face à la Suède, elles se sont finalement inclinées 5-2 au terme de la prolongation (victoire finale de l'Angleterre, 2-0). Les "grandes" Bleues disputeront pour leur part le Championnat d'Europe en Finlande à compter du 24 août avec pour adversaires dans leur poule l'Islande, l'Allemagne et la Norvège. Les deux premières places qualificatives pour les demi-finales vont valoir chères... En attendant, elles affrontent en amicale le Japon, ce samedi 1er août à Montargis (18 heures). Et toujours en foot fifilles, Montpellier, vice-champion de France derrière Lyon, a remporté le premier match du tour préliminaire de la Coupe d'Europe féminine, face aux vice-championnes d'Islande (2-0). Les Françaises affrontent ce samedi les Bulgares de Sofia puis mardi des Macédoniennes. Seul le premier de la poule se qualifie.
. Au cas où vous seriez ce samedi du côté de Deauville, je vous conseille d'aller faire un tour à l'hippodrome de La Touques où se déroulera, à 15 heures, un grand match de polo avec les deux meilleurs équipes du monde, la Dolfina et Ellerstina. Dans chaque camp, quatre joueurs handicap 10, soit le plus gros niveau dans le monde (ils ne sont que 11 dans le monde à avoir ce rang). Ce sera aussi l'occasion de voir Adolfo Cambiaso, considéré comme le Maradona du polo. Contrairement à l'exhibition de juin dernier à Paris, il s'agira cette fois d'un match officiel avec cette fois des Argentins venus avec leurs propres chevaux. Sinon, ça passe en direct sur Eurosport.
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Dans les news précédentes, je vous ai cité à plusieurs reprises le livre "La grande course de Flanagan", ouvrage écrit dans les années 80 par l'Anglais Tim McNab. Pour répondre à Nico, ce livre s'est inspiré d'une course qui eut lieu dans les années 30 entre Los Angeles et New York, "the Great Bunion Race" (ici un lien sur cette course http://runningtimes.com/Article.aspx?ArticleID=9386). L'auteur raconte l'itinéraire d'un millier d'hommes et d'une femme lancés dans ce défi. Il y a la course bien sûr mais aussi les portraits de ces hommes venus s'affronter pour diverses raisons. Ce livre, que l'on ne trouve plus dans les librairies mais seulement d'occasion sur internet (et pas donné puisque j'ai payé le mien 48 euros) a inspiré nombreux coureurs d'ultras. Lors de sa récente conférence de presse, Serge Girard, l'homme qui a traversé tous les continents à pied et qui préparent la Transeurope (600 marathons à courir en un an) avait cité ce livre comme le point de départ de sa carrière. Car plus qu'un récit, "la longue course de Flanagan" est aussi une belle leçon. Je vous ai extrait quelques morceaux choisis...
"Il n'avait encore jamais exploré ces amères contrées où le corps se traîne d'une foulée à la suivante tandis que l'esprit, encore frais mais assailli par le désespoir, livre ses propres luttes. C'était sur ces obscurs champs de bataille que les courses se gagnaient ou se perdaient."
"Le gagnant devra continuer, même si son corps le supplie mille fois d'arrêter entre ici et New York. Le gagnant ne doit pas penser à cinq mille kilomètres, mais seulement au kilomètre suivant. Il doit vivre dans son esprit et ne vaincre qu'un seul homme chaque jour. Toujours le même - lui même."
"L'athlète représente l'homme aux frontières de ses possibilités, dans un domaine que peu de gens entrevoient et que moins encore ont pénétré. (...) Nous sentons intuitivement qu'il fait partie des quelques privilégiés proches d'accéder à leur véritable potentiel, alors que la plupart d'entre nous passent leur vie inconscients de l'existence même d'un réel potentiel."
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Puisque nous sommes dans un chapitre littérature, dans un autre genre mais toujours autour de la course à pied, je vous conseille aussi "Marche ou crève" de Richard Bachman, alias Stephen King. Le livre raconte une course de fond où une centaine de participants s'affrontent sur une longue épreuve. Ils ne doivent pas descendre en dessous d'une certaine vitesse et encore moins s'arrêter sous peine d'être éliminé. Et dans ce cas, l'élimination est radicale puisqu'il s'agit d'une... exécution sommaire. Un seul vainqueur : le dernier survivant. Très bon livre...
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Un peu de ciné pour finir cette page "culturelle" avec "The reader" et "La Haut". Pas d'enthousiasme débordant ni pour l'un ni pour l'autre. J'aime beaucoup Kate Winslet, mais je l'ai déjà trouvée bien plus convaincante dans d'autres films que celui-ci qui lui a pourtant valu un oscar. J'ai trouvé la première partie un peu longuette. La seconde, avec le procès de cette femme autrefois gardienne dans un camp de prisonnier, offre toutefois une réflexion intéressante et fait se poser l'inévitable question "et nous, qu'aurions nous fait?"
Du côté de la dernière production Pixar, une fois passée l'attraction de la 3D (on nous prête des lunettes à l'entrée de la salle ce qui justifie un supplément de trois euros sur la place... avec donc, à Paris, des places à près de 13 euros.... pas donné quand même pour un film de 1h35'), le film devient assez "ordinaire". Pas mal, mais pas non plus exceptionnel. L'histoire d'un vieux monsieur qui s'enfuit en accrochant plein de ballons à sa maison. Une profusion de bons sentiments qui plaira néanmoins aux enfants.