Courir sur la terrasse de Saint-Germain-en-Laye, est un voyage. Un périple qui transporte le joggeur bien au-delà des 5, 10 ou 15 km parcourus. Courir sur la terrasse de Saint-Germain-en-Laye, c'est d'abord un voyage dans l'histoire.
Pas toujours facile de quitter la chaleur d'une couette pour aller courir. Il y a les matins dans le brouillard, au propre comme au figuré. Il y a parfois les matins sous la pluie. Et puis il y a ces matins magiques où le footing prend une autre dimension, où la performance devient anecdotique. Mon arrivée à Saint-Germain-en-Laye il y a un peu plus d'un an m'a offert cette chance de pouvoir m'entraîner sur la Grande Terrasse du Château.
Certains matins, le soleil et la lune semblent s'y être donné rendez-vous. Pendant que le ciel passe du rose au bleu, les deux astres semblent entamer une drôle de parade. D'abord timide, le soleil rougit. Peu à peu, il gagne en assurance et commence à se montrer, là-bas à l'est, au-dessus des tours de la Défense, avec la Tour Eiffel pour témoin. Mais le Soleil a beau briller de plus en plus fort, sans doute pour attirer l'attention, la Lune, elle, s'éclipse. Il brille désormais au-dessus du Château et du Pavillon Henri IV, vestige du Château-neuf, aujourd'hui détruit. Le Soleil est ici chez lui. N'est-ce pas là qu'est né Louis XIV le 5 septembre 1638, celui qui allait devenir... le Roi Soleil ? Ses rayons s'engouffrent maintenant dans la rue de La Salle et éclairent au numéro 14 celle que l'on considère comme la plus vieille maison de Saint-Germain-en-Laye. Le Soleil est là, mais la Lune ne le voit plus. Désolé Monsieur Trénet. Le rendez-vous n'aura pas lieu aujourd'hui.
Et puis il y a ces perspectives. Véritable génie, André Le Nôtre, lors de la conception de l'ouvrage entre 1663 et 1673, utilisa une légère variation de l'altitude pour donner l'illusion que le bout de la balade était proche. A peine perceptible pour le promeneur, l'astuce de l'architecte est pourtant bien ressentie par le joggeur De la table d'orientation qui offre une vue magique vers l'est, avec juste en dessous les 1900 pieds de vigne du vin (Pinot noir) de la Grotte, et encore un peu plus bas la Seine, il faut en effet courir 1000 toises, soit près de 2 km, pour atteindre le Rond Royal. On y imagine les amoureux de la cour des différents rois passés ici venir conter fleurette au milieu des herbes, le regard tourné vers le Château du Val.
Retour vers le jardin de la Dauphine où l'on pourrait presque entendre les rires et les pleurs du Roi Louis XIV, l'un des premiers à s'y être amusé. Combien d'enfants y ont depuis ri, pleuré ? Combien de parents y ont couru pour les consoler ou les faire rire ? D'ailleurs, Louis XIII et Anne d'Autriche y sont-il venus jouer avec leur enfant ?
A l'occasion d'un petit détour vers le Jardin anglais créé par Loaisel de Tréogate pour Louis Philippe au milieu du XIXe siècle, on perçoit le bruit sourd du RER A qui file vers Paris en avalant à chacun de ses arrêts son flot de travailleurs. Un peu plus tôt, alors que la nuit vivait ses derniers instants, tels des ombres ils ont traversé le parc en y entrant par la grille des Loges. Pris dans leur routine quotidienne, ils ne se sont sans doute pas offert le temps de se retourner pour admirer cette Route des Loges avec là-bas, tout au fond, l'ancien couvent des Loges fondé en 1644 par Anne d'Autriche et aujourd'hui maison d'éducation de la Légion d'Honneur.
Le joggeur poursuit sa route. Dans l'allée du Boulingrin et l'allée François Ier, l'ombre des arbres dessine sur le sol un joli tableau. L'imagination d'un enfant y verrait peut-être une marelle géante. Posée ici depuis un peu plus d'un siècle, la statue de l'Amour et de la Folie, l'oeuvre du Toulousain Paul Darbefeuille, admire ce tableau chaque jour. Un privilège.
Il est un peu plus de 8 heures. Les cloches retentissent. Fin du footing, fin du voyage. Le temps a filé. Celui indiqué par le chronomètre du joggeur est devenu anecdotique. Quand en à peine une heure, plusieurs siècles se sont écoulés au fil de nos foulées.
Une belle balade.....qu'on oublie en effet qu'on est là pour courir !
Rédigé par : Pierre Cessio | 20 octobre 2016 à 16:37
Salut
Beau reportage historique et de belles photos
Nostalgie pour moi car j'ai habité 4 ans à St Ger et de nombreux footing dans la foret se terminaient par le chateau
Rédigé par : thierry | 20 octobre 2016 à 14:20