Cette semaine, se déroulera dans le Sahara sud-marocain, la 33e édition du Marathon des Sables. J'ai eu la chance de courir cette course en auto-suffisance alimentaire de 250 kilomètres en 2009, puis d'y revenir plusieurs années au sein de l'organisation, dans le service de presse. Je ne peux donc m'empêcher de jeter un oeil plein d'affection pour cette épreuve, et en particulier pour son organisateur Patrick Bauer.
De l'affection mais surtout beaucoup d'admiration pour les coureurs qui s'élanceront pour une formidable aventure. Mention particulière pour une équipe de trois demoiselles rencontrées lors de la conférence de presse que j'ai eu le plaisir d'animer. Cynthia, Magaly et Tiphanie disputeront leur premier Marathon des Sables. Engagées dans la foulée de Cynthia bien décidée à croquer dans la vie après avoir vaincu un cancer, ces trois demoiselles regroupées au sein de l'équipe "Pieds nus la tête dans les étoiles", avaient plein d'étoiles dans les yeux lorsqu'elles s'imaginaient dans le désert. Elles profitent également de l'épreuve pour collecter des fonds au profit de la recherche contre le cancer (leur page Facebook). Bonne route pour cette grande aventure qui débutera dès la sortie de l'avion.
Une fois débarquée à Ouarzazate, les concurrents fileront vers leur premier bivouac. Une première nuit sous la tente avec des voisins de tapis souvent inconnus à cet instant mais qui deviendront au fil des jours, au fil des nuits, une véritable famille. Avec des liens qui dureront parfois bien au-delà de la ligne d'arrivée du MDS. Puis une première journée pour les vérifications techniques et administratives. A l’entrée du sas, tous abandonneront leur valise et ne garderont que l’essentiel pour mieux plonger dans la course. A la sortie, toute la vie de leurs 7 prochaines journées tiendra dans un sac à dos. Distribution des pastilles de sel, de la si précieuse carte de distribution d’eau, vérification des électrocardiogrammes, pose du transpondeur, et enfin remise du dossard : plus qu’un contrôle, un cérémonial qui ouvre la porte vers l’aventure. Une dernière nuit de stress pour certains, d’appréhension de l’inconnu pour d’autres mais surtout une dernière nuit où tous partageront les mêmes rêves.
Viendra enfin le temps de la course. Une libération. Des semaines, des mois, et sans doute même des années pour certains, qu’ils attendent cet instant. Libérée au son du mythique Highway to Hell d’ACDC, une tradition sur la course, la file des coureurs s’étirera à travers les premières dunettes, les premiers plateaux caillouteux, et les premiers jebels à gravir. Trouver la bonne foulée, la bonne respiration sous une température de plus en plus forte au fil des heures, faire corps avec ce sac à dos, écouter son corps, son esprit et toujours avancer. Tous savent que la route sera longue jusqu’à la délivrance. Les plus expérimentés se souviennent aussi que l’euphorie du départ est souvent mauvaise compagnie et que dans un tel environnement, la sagesse est bien plus précieuse. Un spectacle dont ils sont les principaux acteurs, un film où la 3D est la norme.
Un cinéma en technicolor aussi avec toutes les teintes du désert. Le noir des rochers et des montages qui s’élèvent à l’horizon, le jaune et parfois même le rose du sable poussé sur les parois des montagnes par les tempêtes, le blanc des lacs asséchés ou encore le vert de ces acacias qui surgissent tels des phares au milieu du désert. Un cinéma où les scénarios ne sont jamais prévisibles, où les rebondissements se succèdent. A l’euphorie succède parfois la détresse. Il faut alors rassembler toute sa force mentale et parfois s’appuyer sur le soutien d'autres coureurs pour puiser la force d’aller chercher une happy end.
Dans ce cinéma, pas besoin de violons pour faire naitre l’émotion. Des regards, des poignées de main, des accolades, des embrassades suffisent à faire couler quelques larmes sur des joues creusées par l’effort. Pour la bande originale, seul le souffle des coureurs, les encouragements des contrôleurs ou encore les cris de soulagement viennent rompre le silence du désert.
Et puis viendra la fameuse « longue étape ». Entre 75 et 90 kilomètres selon les éditions. Le matin d’une longue étape n’est jamais tout à fait comme les autres. Au bivouac, la tension est palpable, les visages un peu plus fermés que d’ordinaire. Qu’il soit coureur de l’élite ou « anonyme du peloton », chaque coureur sait qu’il s'apprête à vivre une journée hors norme. Sous la chaleur, à travers ces dunes certes grandioses mais où chaque pas demande un effort intense. Courir ou marcher, peu importe, l’essentiel est d’avancer. Et d’arriver avant les 36 heures autorisées. Pour pouvoir en être fier pour le reste de sa vie.
Si les premiers arriveront dans la soirée, beaucoup passeront la nuit dans le désert. Difficile pour l’organisme mais un privilège pour l’esprit et l’âme. Le ciel du désert est unique. Son silence aussi. Seul le bruit des pas des coureurs dans le sable pour venir le troubler. Dans une douceur qui contraste avec la violence de l’effort. Le moment suscite souvent un temps de réflexion et d’introspection. Depuis la première édition, combien de grandes décisions personnelles ont été prises dans cette longue étape, avec les étoiles pour seuls témoins ?
Bien sûr il y a un palmarès. Bien sûr il y a un classement avec ses vainqueurs. Mais sur la ligne d’arrivée, tous ont le sentiment d’avoir gagné. Tous se précipiteront dans les bras de Patrick Bauer, le directeur de course, après avoir reçu cette médaille de finisher à laquelle ils ont tant rêvé sur les 250km parcourus en six jours.
Sur cette ligne d’arrivée, des scènes prenantes, émouvantes, parfois même bouleversantes. Ces couples qui s’enlacent longuement, ces coureurs qui sprintent pour marquer leur victoire dans ce combat personnel, des cris de rage, des râles de libération. Devant la webcam, un signe pour des familles et des amis qui ont sans doute veillé devant leur écran à guetter les temps de passage pour ne pas manquer leur protégé. Les visages sont marqués, usés, et les regards parfois hagards mais toujours remplis de fierté. Et l’universel bisou qui s’envole quelque part dans le monde pour être reçu dans l’instant avec soulagement et sans doute quelques larmes aussi.
Le bonheur, le soulagement et la fierté les envahiront. Beaucoup repartiront différents de cet envoutant Sahara sud-marocain. Le Marathon des Sables bouleverse souvent les existences. Il les rend plus riches, plus intenses. Mesdames et messieurs les coureurs, vivez cette expérience à fond. Vivez !
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Je reste dans le thème du Marathon des Sables et d'une façon plus générale dans le trail pour attaquer le chapitre "culture". A lire absolument le livre écrit par Jean-Philippe Lefief sur l'histoire du trail. "La folle histoire du trail", aux éditions Guérin, est une petite merveille. Non seulement on y apprend plein de choses sur l'origine des trails et sur la genèse de certaines des plus grandes courses (dont le MDS) mais en plus on se fait plaisir avec une très belle qualité d'écriture. L'auteur ajoute en début de chaque chapitre son expérience personnelle de traileur, toujours avec humour.
Deux petits mots de cinéma. Le premier sur "La forme de l'eau", de récompensé notamment par l'oscar du meilleur film. Un très bon moment bien évidemment avec principalement une superbe "photo". Et dans un tout autre style "Tout le monde debout", de et avec Franck Dubosc. Tout est certes cousu de fil blanc mais bon moment de détente grâce surtout à Alexandra Lamy ou encore Elsa Zylberstein, toutes les deux épatantes.
Pour finir ce chapitre, du théâtre avec une fois encore un très bon moment au Théâtre Alexandre-Dumas de Saint-Germain-en-Laye (comme presque toujours). Bérénice Béjo et Stéphane de Groodt sont venus interpréter la pièce de Matthieu Delaporte et Alexandre de La Patellière, "Tout ce que vous voulez". Une jolie rencontre, beaucoup de douceur, un texte bien écrit, une bonne mise en scène de Bernard Murat, tout ce que j'adore. Si vous avez l'occasion, d'aller voir cette pièce, n'hésitez pas.
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Cascade au ski oblige (n'est pas Pinturault qui veut...), le mois de mars n'affolera pas les compteurs au niveau de l'entraînement avec à peine une vingtaine d'heures. Bilan : deux semaines d'arrêt complet dont la première avec du mal à poser le pied par terre. Heureusement plus de peur que de mal finalement. La crainte d'une grosse déchirure à un mollet et donc d'un arrêt complet de six semaines a été dissipée par l'échographie. Un énorme hématome, très très très douloureux (et je ne suis pas chochotte), mais finalement pas très grave.
La participation au Polar Triathlon de Cannes n'est donc pas remise en question. Même si je vais sérieusement en baver sur le vélo. Entre l'arrêt puis le boulot très chronophage en mars (tournage et montage d'un docu), j'ai pris beaucoup de retard... et que ça grimpe ! Et ça ne s'arrange pas avec cette fois un adducteur qui m'empêche de courir depuis une semaine... Bref, c'est du grand bricolage ! Mais on va serrer les dents, être patient, et ça va passer.
2018 en dossards
18 février : Trail des villes royales (Versailles - Rambouillet) (52 km) (7h12'28'')
21 mars : Semi de Rambouillet (forfait car tout cassé)
22 avril : Connemarathon (63 km) - Reporté en 2019
29 avril : Polar Triathlon International de Cannes (2 km - 107 km (1700 D+) - 16 km)
26 mai : Frenchman (distance Ironman)
10 juin : Foulée Royale de Saint-Germain-en-Laye (10 km)
16 juin : Open Swim Stars Paris - 10 km natation
29 juillet : Ironman de Zurich
1er décembre : Saintélyon (trail 80 km) - trop tentant
Projection 2019
15 août : EmbrunMan
Projection 2020
Mars : Vasaloppet (90 km ski de fond, Suède)
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Les jambes ... et la tête
Nouvel épisode de cette "rubrique" où l'idée est de mieux connaitre les terrains où l'on s'entraîne, sans courir, pédaler ou nager la tête baissée.
La place de l'abbé Pierre de Porcaro, juste derrière l'église de Saint-Germain, n'est pas forcément un lieu d'entraînement, mais est liée à la pratique sportive puisque c'est là que l'on trouve le magazine Endurance Shop, ma boutique préférée à St-Ger (après La Fabbrica, le marchand de glaces et de gaufres... ça tombe bien, il est juste à côté). C'est surtout pour moi l'occasion de mettre une petite lumière sur Claude Debussy, dont la statue trône au milieu de cette place. Le musicien est né le 22 août 1862 à Saint-Germain, dans la maison qui abritait ces dernières années l'Office de Tourisme, au 38 rue au Pain. On célèbre cette année le centenaire de sa mort, le 25 mars 1918. Même s'il ne vécut que ses deux premières années à Saint-Germain (déménagement de la famille en 1864), Debussy est une des célébrités de notre ville.
Cette place doit son nom à l'Abbé Pierre de Porcaro, vicaire à Saint-Germain en 1935. Mobilisé et fait prisonnier en 1939, il est libéré en 1941 et revient dans sa ville. Deux ans plus tard, il part clandestinement en Allemagne auprès des ouvriers du STO. Dénoncé par un ouvrier français, il sera arrêté en septembre 1944 et mourra en mars 1945 du typhus dans le camp de Dachau.
Dans la même série "Les jambes... et la tête" (généralement en bas des news)
- Forêt de Marly
- Vidéo "Château Neuf"
- La Machine de Marly
- Rencontre avec les Impressionnistes
- Le banc Pierre Giffard
- La forêt de Saint-Germain
- Le Musée d'Archéologie Nationale
- Le camp des Loges et le stade Georges-Lefèvre
- La montée entre le Pont Georges-Pompidou et la Place Royale
- Le coup de Jarnac, une origine saint-germanoise
- Première voiture à plus de 100km/h dans La ligne droite d'Achères
- Footing en terrasse à Saint-Germain, un voyage dans l'histoire de France
- De la Seine-et-Oise aux Yvelines
- La piscine de Saint-Germain
- Le chemin des oratoires dans la forêt de Saint-Germain